La répétition - Berlin 1963 d'Yves Grevet et Jean-Michel Payet (2025)


Il s'agit là d'un livre d'espionnage plus que polar comme pourrait le laisser penser la pastille apposée sur la page de garde.



Si le chapitre d'introduction, glauque à souhait, pouvait faire craindre le pire – le roman fait tout de même 500 pages - il n'est là que pour expliquer la présence d'un des personnages principaux. Racontée à 5 voix, l'action se déroule à Berlin-Est et à Berlin-Ouest pendant les quelques jours qui ont précédé la visite du Président John Fitzgerald Kennedy à Berlin-Ouest en 1963.

Cinq voix donc, celles de Konrad, cadre de la Stasi et de son adjointe, Kirsten pour l'est, celles de Ralph, commissaire de police allemande et de sa compagne, June, militaire américaine et la cinquième, celle qui monopolise toutes les forces des 4 autres, Véronika, alias Monika, alias Johanna, à moins qu'il ne s'agisse d'Ava...

Le mur de Berlin est érigé depuis 2 ans à peine. Sensé être une barrière étanche entre l'est et l'ouest de l'ex capitale allemande, il est encore franchi par quelques téméraires grâce à des tunnels creusés sous les immeubles malgré la traque intensive menée par la terrible Stasi. La description des conditions d'arrivée à l'ouest des transfuges est extrêmement précise, loin d'être une simple formalité, elle est une sorte de parcours du combattant administratif faite de doutes et de suspicions car comment savoir si le/la nouvel(le) arrivé(e) n'est pas un espion envoyé par l'Est ?

Si le capitalisme est une invention du diable pour l'est, le communisme est le pire des maux à combattre pour l'ouest, les nostalgiques du Maccarthysme ne sont pas loin.

C'est ainsi que les auteurs mettent en scène des hommes et des femmes convaincus d'avoir choisi le bon chemin ; leur idéalisme, voire leur naïveté, est mis à mal par la paranoïa ambiante car tout le monde se méfie de tout le monde, d'un côté du mur comme de l'autre, y compris au sein d'une même unité ou d'une même famille. En ce temps-là, il n'en fallait pas beaucoup pour disparaître définitivement.

Le fait de donner tour à tour la parole aux uns et aux autres créent une véritable attente chez le lecteur. Tel un staccato, la parole de chacun des narrateurs se fait de plus en plus courte au fur et à mesure que le dénouement approche, rendant la scène finale haletante.

Cet ouvrage écrit à deux mains est une passionnante histoire d'hommes et de femmes pris dans la tourmente et l'instabilité géopolitique de l'après-guerre et une passionnante leçon d'histoire, quelques mois avant le 22 novembre 1963.

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