Les Empoisonneurs : Chlordécone, histoire d'un mépris français

 

Les Empoisonneurs : Chlordécone, histoire d'un mépris français de Marie Baléo (2025)

Je lis peu de non-fiction mais l'empoisonnement des Antilles par le chlordécone me touche à titre personnel. La somme de travail, historique et journalistique, la minutie de l'enquête à charge, et à décharge, menée par l'auteur et la qualité de l'écriture rendent la lecture de cet ouvrage accessible, passionnante et terrifiante car c'est de vies passées, présentes et futures en danger de mort, littéralement, qu'il s'agit.

Marie Baléo démêle point par point le long écheveau de ce scandale, on en frissonne car le mal est fait et pour des décennies, voire beaucoup plus.

On enrage devant l'acharnement des gros planteurs à se procurer coûte que coûte le précieux poison destiné à lutter contre le charançon qui ravage leurs plantations de bananes comme s'ils n'avaient pas conscience que ce sont aussi eux, leurs familles et leurs descendants, qu'ils condamnent, pas seulement leurs salariés. Ils ont sacrifié tous ces hommes, ces femmes, et leurs enfants à venir, sur l'autel de l'argent et de la rentabilité.

Comment s'étonner après cela, par exemple, de la méfiance des Antillais face au vaccin lors de la crise du Covid 19 ? Alors que les différents gouvernements ont laissé faire afin de préserver la paix sociale locale, et hexagonale, et surtout les intérêts de quelques-uns.

Bref, ce courageux ouvrage montre combien nos gouvernements quels qu'ils soient préfèrent, courber l'échine face au lobbying des hommes de pouvoir au détriment des populations, aidés par la justice qui, quand elle s'en mêle, bâcle les enquêtes.

Et on s'étonne de notre manque d'enthousiasme lorsqu'il s'agit d'aller voter ?

Mesdames et messieurs les décideurs, que voyez-vous le matin quand vous vous regardez dans la glace ? Peut-être rien, et c'est bien le problème.

Au fait, vous savez comment a été réglé le problème du charançon des bananeraies ? Avec un simple piège à phéromone.

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