Des fromages 100 % au lait cru de Salers
Délaissé pour la production de fromage, y compris pour l’AOP Salers, le lait de vaches Salers présente pourtant des qualités fromagères exceptionnelles en raison d’un rapport matière grasse/matière protéique proche de 1,2.
Non dépourvu d’ambiguïté, le label AOP Salers, s’il répond à un cahier des charges précis et contraignant, ne signifie en aucune manière qu’il s’agit d’un fromage fabriqué à partir de lait de vaches Salers contrairement à ce que l’appellation pourrait laisser penser. Nulle part et à aucun moment, il n’est fait mention de l’origine du lait utilisé, peut-être pour ne pas avoir à préciser que le fromage Salers n’est justement pas fabriqué avec du lait de Salers mais avec du lait de Montbéliardes ou de Prim’Holstein dont la traite est bien moins chronophage que celle des Salers.
Montbéliarde |
Ainsi, l’ensemble des productions bénéficiant du label « Salers Tradition » sont des productions fermières exclusivement à base de lait de vaches Salers.
Si les contraintes du label AOP Salers Traditions sont très lourdes, les normes extrêmement précises il n’en demeure pas moins qu’au final une note basée sur le goût d’un jury suffit à faire perdre le fameux sésame AOP Salers. Charlotte Salat du GAEC Salat à Cussac (Cantal) en sait quelque chose, elle qui a été déclassée en mai 2018 – le jury ayant qualifié de «aigres», « amères » ou « rances » alors que son fromage est servi à la table de plusieurs chefs de renom et vendu en crèmerie. Malgré la perte de cette appellation, ces derniers continuent de lui accorder leur confiance, preuve que le goût du consommateur peut l’emporter sur le label. Charlotte a donc créé son propre label, le très phonogénique Salers Salat.
En dehors du Salers Tradition qui correspond obligatoirement à un secteur géographique déterminé, d’autres éleveurs fabriquent un fromage fermier spécifique, tels que le Gaec Cambon (L’hôpital, 15250 Saint-Paul des Landes), dont L’Acajou, une tome au lait cru de Salers, d’environ 3 kg est vendue directement à la ferme, dans les crèmeries et sur les marchés l’été. L’Acajou n’a rien à voir avec le fromage Cantal, son goût évolue au fil du temps, en fonction de l’affinage et même de la production de lait (printemps, été, automne) et sa texture assez ferme en est fort éloignée. Une chose est sûre, il ravit les palais de petits et grands, ce qui garantit une certaine paix familiale autour du plateau de fromage. Bref, le goûter c’est l’adopter, parole de mamie !
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