Requiem à Laroquebrou, notes de lecture

Paru en juin 2013 aux Editions du Bord du Lot
C’était une des rares belles journées ensoleillées de ce drôle de mois de juin. Autant dire qu’il n’en fallait pas plus pour me mettre d’excellente humeur. Un chapeau à larges bords enfoncés jusqu'aux yeux, les lunettes de soleil (et de lecture) chaussées sur le nez et confortablement installée dans ma vieille chaise longue en bois,  j’ai ouvert Requiem à Laroquebrou vers 14 heures ... Quatre heures plus tard, je refermai le roman, dévoré d'une seule traite, presque surprise de mon "exploit".

L'exploit, c'est bien sûr celui de Françoise Besse qui a su capter l'attention de son lecteur et le rendre captif de son récit, une belle réussite pour un premier roman. Quand l’ancrage d’un roman est aussi fort avec les lieux où se situe l’action - ici Laroquebrou - petite cité médiévale des bords de Cère à l’ouest du Cantal, à la limite du Lot et de la Corrèze, l’exercice peut se révéler périlleux pour l’auteur. Les autochtones attendent de lui qu’il respecte à la lettre la topographie des lieux au risque s’attirer leurs foudres en cas de fantaisie ou d’approximation dans sa description.

Françoise Besse a choisi de décrire avec précision la maison de famille dont elle a hérité et qui sert de point de départ à la trame romanesque. Tous les Roquais peuvent la situer ainsi que les environs qui seront le théâtre de plusieurs rebondissements. Cet écueil évité et le décor étant planté, il restait à tisser une histoire cohérente, plausible et captivante.

C’est ainsi que pour les besoins de cette histoire, le château de Laroquebrou joue un rôle à part entière et entièrement à part ... de la réalité puisqu’il y a belle lurette qu’il n’est plus habité. Ainsi est évité l’écueil du : « toute ressemblance avec des personnes ayant existé, bla, bla, bla …. ».  Et il s’en passe des choses au château dans l’histoire imaginée par Françoise Besse.

Les personnages principaux, tous nés de l’imagination de l’auteur apparaissent peu à peu au fil des pages, Robert, le pensionnaire de la maison de retraite de Laroquebrou, ancien joueur invétéré, Gino, né dans les environs et surnommé l’Italien, tout comme sa mère à laquelle les gens du cru n’ont jamais pardonné son amourette avec un ouvrier italien, Alphonse Boujasse, le maçon que tous appellent Monsieur le Comte parce que l’argent achète tout, même le respect, Lucien Boussuges, sorte d’hybride entre le simplet et le marginal, également artiste improbable, Monsieur Fabre, l’ancien instituteur, passionné d’histoire et le Louis, l’homme à tout faire de la mairie, irrésistiblement attiré par la gent féminine. Autour de ces personnalités hautes en couleur, gravite une multitude de second rôles, témoins du présent et du passé dont le rôle sera déterminant dans le dénouement de l’histoire si joliment ficelée.

Le corps du récit, parallèlement à la trame romanesque, est émaillé de détails véridiques sur la Laroquebrou telles que la présence d’une communauté marocaine sur le territoire ou l’évocation des ouvriers étrangers attirés par le chantier du barrage de Saint-Etienne Cantales pendant le 2ème guerre mondiale.

Enfin, les mœurs d’un petit village de campagne, où tout se sait, malgré la plus grande des discrétions et où règne une loi du silence, unanimement partagée, sont un des ressors importants du roman de Françoise Besse. 

En résumé, la lecture de Requiem à Laroquebrou  fut un vrai plaisir grâce à un dosage précis des ingrédients fictifs, et réels. 

S’il n’y avait qu’un détail surprenant à relever, ce serait l’évocation d’Agnès Varda comme auteur de romans policiers préféré de la narratrice. Sauf erreur de ma part, il existe Agnès Varda, la réalisatrice et documentariste et … Fred Vargas, l’auteur de romans policiers. Lapsus ? Double clin d’œil ? Il faudrait que Françoise Besse  pose la question à sa narratrice dont le prénom n’est d'ailleurs jamais dévoilé au fil du texte.

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